ce qu’il est lui-même — son essence — s’anéantit devant ses yeux, cesse d’exister, mais quand cet animal mourant est un homme et un homme aimé, alors, sauf l’horreur qu’inspire l’anéantissement de la vie, il ressent encore un déchirement, une blessure morale qui, comme la blessure physique, parfois tue, parfois guérit, mais toujours est douloureuse et redoute l’attouchement extérieur, irritant.
 Léon Tolstoï, Guerre et Paix (1869). copier la citation

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Auteur Léon Tolstoï
Œuvre Guerre et Paix
Thème anéantissement déchirement
Date 1869
Langue Français
Référence
Note Traduit par J.-Wladimir Bienstock
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Guerre_et_Paix_(trad._Bienstock)

Contexte

“L’armée russe devait agir comme un fouet sur l’animal qui court, et les stimulateurs les plus experts savent que le plus avantageux c’est de tenir le fouet soulevé, menaçant, et non de frapper sur la tête l’animal qui court. QUINZIÈME PARTIE I Quand l’homme voit un animal mourant, l’horreur le saisit : ce qu’il est lui-même — son essence — s’anéantit devant ses yeux, cesse d’exister, mais quand cet animal mourant est un homme et un homme aimé, alors, sauf l’horreur qu’inspire l’anéantissement de la vie, il ressent encore un déchirement, une blessure morale qui, comme la blessure physique, parfois tue, parfois guérit, mais toujours est douloureuse et redoute l’attouchement extérieur, irritant. Après la mort du prince André, Natacha et la princesse Marie le sentirent également. Toutes deux moralement courbées et les yeux fermés à cause des nuages terribles de la mort suspendus au-dessus d’elles, n’osaient regarder la vie en face.” source