que les personnes d’un mérite transcendant, lorsqu’elles viennent à s’élever, ont moins à craindre l’envie, parce qu’on est généralement persuadé que cette fortune leur étoit due : car ce qui excite ordinairement l’envie, ce sont les récompenses ou les libéralités, et non le simple paiement d’une dette. De plus, on ne porte envie aux autres, qu’autant que l’on se compare à eux
 Francis Bacon, Essais de morale et de politique (1597). copier la citation

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Auteur Francis Bacon
Œuvre Essais de morale et de politique
Thème récompense dette
Date 1597
Langue Français
Référence
Note Traduit par Antoine de La Salle
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Essais_de_morale_et_de_politique_(trad._L...

Contexte

“L’envie de Caïn contre Abel fut d’autant plus vile et plus criminelle, que, dans le temps où le sacrifice de son frère fut préféré au sien, personne ne fut témoin de cette préférence. Quant à ceux qui sont plus ou moins exposés à l’envie, nous observerons, 1o. que les personnes d’un mérite transcendant, lorsqu’elles viennent à s’élever, ont moins à craindre l’envie, parce qu’on est généralement persuadé que cette fortune leur étoit due : car ce qui excite ordinairement l’envie, ce sont les récompenses ou les libéralités, et non le simple paiement d’une dette. De plus, on ne porte envie aux autres, qu’autant que l’on se compare à eux : où il n’y a point de comparaison, il ne peut y avoir d’envie. Aussi voit-on que les rois ne sont point enviés par leurs sujets, mais seulement par d’autres rois. On doit toutefois remarquer que les personnes de peu de mérite, d’un mérite médiocre, sont plus exposées à l’envie au commencement de leur fortune que dans la suite, et que le contraire arrive aux personnages d’un mérite éminent ;” source