On ne tremble jamais que pour soi, que pour ceux qu'on aime.
 Marcel Proust, Du côté de chez Swann (1913). copier la citation

Contexte

“Mais c'était rare ; car les jours où, malgré tout ce qu'elle avait à faire et la crainte de ce que penserait le monde, elle arrivait à voir Swann, ce qui dominait maintenant dans son attitude était l'assurance : grand contraste, peut-être revanche inconsciente ou réaction naturelle de l'émotion craintive qu'aux premiers temps où elle l'avait connu elle éprouvait auprès de lui, et même loin de lui, quand elle commençait une lettre par ces mots : «Mon ami, ma main tremble si fort que je peux à peine écrire» (elle le prétendait du moins, et un peu de cet émoi devait être sincère pour qu'elle désirât d'en feindre davantage). Swann lui plaisait alors. On ne tremble jamais que pour soi, que pour ceux qu'on aime. Quand notre bonheur n'est plus dans leurs mains, de quel calme, de quelle aisance, de quelle hardiesse on jouit auprès d'eux ! En lui parlant, en lui écrivant, elle n'avait plus de ces mots par lesquels elle cherchait à se donner l'illusion qu'il lui appartenait, faisant naître les occasions de dire «mon», «mien», quand il s'agissait de lui : «Vous êtes mon bien, c'est le parfum de notre amitié, je le garde», de lui parler de l'avenir, de la mort même, comme d'une seule chose pour eux deux.” source

Explications et analyses

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