Les bienheureux ont des plaisirs si vifs qu’ils peuvent rarement jouir de cette liberté d’esprit : c’est pour cela qu’attachés invinciblement aux objets présents, ils perdent entièrement la mémoire des choses passées, et n’ont plus aucun souci de ce qu’ils ont connu ou aimé dans l’autre vie.
 Montesquieu, Lettres persanes (1721). copier la citation

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Auteur Montesquieu
Œuvre Lettres persanes
Thème liberté mémoire
Date 1721
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_persanes

Contexte

“Il y avoit plus de huit jours qu’elle étoit dans cette demeure heureuse, que, toujours hors d’elle-même, elle n’avoit pas fait une seule réflexion : elle avoit joui de son bonheur sans le connoître, et sans avoir eu un seul de ces moments tranquilles, où l’âme se rend, pour ainsi dire, compte à elle-même, et s’écoute dans le silence des passions.
Les bienheureux ont des plaisirs si vifs qu’ils peuvent rarement jouir de cette liberté d’esprit : c’est pour cela qu’attachés invinciblement aux objets présents, ils perdent entièrement la mémoire des choses passées, et n’ont plus aucun souci de ce qu’ils ont connu ou aimé dans l’autre vie. Mais Anaïs, dont l’esprit étoit vraiment philosophe, avoit passé presque toute sa vie à méditer : elle avoit poussé ses réflexions beaucoup plus loin qu’on n’auroit dû l’attendre d’une femme laissée à elle-même.” source