Tous vivent, tous jouissent de la vie, se dit-elle tandis qu’agréablement balancée sur les ressorts souples de la vieille voiture qui montait une côte, elle se reprenait à penser après avoir dépassé les femmes ; moi seule me fais l’effet d’une prisonnière, je me tue de soucis, et c’est seulement tout à l’heure que je me suis momentanément sentie libre. Tous vivent
 Léon Tolstoï, Anna Karénine (1877). copier la citation

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Auteur Léon Tolstoï
Œuvre Anna Karénine
Thème femmes vie
Date 1877
Langue Français
Référence
Note Traduit par J.-Wladimir Bienstock
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Anna_Kar%C3%A9nine_(trad._Bienstock)

Contexte

“Dans le village la voiture traversa un pont, où marchaient, en causant gaîment et avec bruit, une foule de femmes, qui portaient des seaux sur leurs épaules. Elles s’arrêtèrent et regardèrent curieusement la voiture. Tous les visages tournés vers elle paraissaient gais et forts, à Daria Alexandrovna et semblaient vouloir l’agacer par leur joie de vivre. « Tous vivent, tous jouissent de la vie, se dit-elle tandis qu’agréablement balancée sur les ressorts souples de la vieille voiture qui montait une côte, elle se reprenait à penser après avoir dépassé les femmes ; moi seule me fais l’effet d’une prisonnière, je me tue de soucis, et c’est seulement tout à l’heure que je me suis momentanément sentie libre. Tous vivent : ces femmes, ma sœur Natalie, Varenka, Anna chez qui je vais, tous excepté moi... Et pourquoi accuse-t-on Anna ? Pourquoi ? Suis-je donc meilleure ? Moi, j’ai un mari que j’aime, pas à vrai dire comme je voudrais aimer, mais enfin que j’aime, tandis qu’Anna n’aimait pas le sien.” source