La jeunesse embellit tout, jusqu’au malheur. Elle charme alors qu’elle peut, avec les boucles d’une chevelure brune, enlever les pleurs à mesure qu’ils passent sur les joues. Mais la vieillesse enlaidit jusqu’au bonheur : dans l’infortune, c’est pis encore ; quelques rares cheveux blancs sur la tête chauve d’un homme ne descendent point assez bas pour essuyer les larmes qui tombent de ses yeux.
 François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe (1850). copier la citation

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Auteur François-René de Chateaubriand
Œuvre Mémoires d'outre-tombe
Thème jeunesse bonheur
Date 1850
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_d%E2%80%99outre-tombe

Contexte

“Si j’étais pauvre, on se moquerait de ton amour, on me rendrait un objet ridicule à tes propres yeux, on te rendrait honteuse de ton choix. Et moi, on me ferait un crime d’avoir abusé de ta simplicité, de ta jeunesse, de t’avoir acceptée, ou d’avoir abusé de l’état de [5] où tombe [6] le temps de te presser dans mes bras. La jeunesse embellit tout, jusqu’au malheur. Elle charme alors qu’elle peut, avec les boucles d’une chevelure brune, enlever les pleurs à mesure qu’ils passent sur les joues. Mais la vieillesse enlaidit jusqu’au bonheur : dans l’infortune, c’est pis encore ; quelques rares cheveux blancs sur la tête chauve d’un homme ne descendent point assez bas pour essuyer les larmes qui tombent de ses yeux. Tu m’as jugé d’une façon vulgaire, tu as pensé, en voyant le trouble où tu me jettes que je me laisserais aller à te faire subir mes caresses : à quoi as-tu réussi ? À me persuader que je pourrais être aimé ?” source