Qu’est-ce que l’homme, ce demi-dieu si vanté ? Les forces ne lui manquent-elles pas précisément à l’heure où elles lui seraient le plus nécessaires ? Et lorsqu’il prend l’essor dans la joie, ou qu’il s’enfonce dans la tristesse, n’est-il pas alors même borné, et toujours ramené au sentiment de lui-même, au triste sentiment de sa petitesse, quand il espérait se perdre dans l’infini ?
 Johann Wolfgang von Goethe, Les Souffrances du jeune Werther (1774). copier la citation

ajouter
Auteur Johann Wolfgang von Goethe
Œuvre Les Souffrances du jeune Werther
Thème tristesse force
Date 1774
Langue Français
Référence
Note Traduit par Pierre Leroux
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Werther

Contexte

“Ici, quand je ferme à demi les paupières, ici, dans mon front, à l’endroit où se concentre la force visuelle, je trouve ses yeux noirs. Non, je ne saurais t’exprimer cela. Si je m’endors tout à fait, ses yeux sont encore là ; ils sont là comme un abîme ; ils reposent devant moi, ils remplissent mon front. Qu’est-ce que l’homme, ce demi-dieu si vanté ? Les forces ne lui manquent-elles pas précisément à l’heure où elles lui seraient le plus nécessaires ? Et lorsqu’il prend l’essor dans la joie, ou qu’il s’enfonce dans la tristesse, n’est-il pas alors même borné, et toujours ramené au sentiment de lui-même, au triste sentiment de sa petitesse, quand il espérait se perdre dans l’infini ? 1 Nous prions le lecteur de ne point se donner de peine pour chercher les lieux ici nommés. On s’est vu obligé de changer les véritables noms qui se trouvaient dans l’original. 2 Nous nous voyons obligé de supprimer ce passage, afin de ne causer de peine à personne, quelque peu d’importance que puisse attacher un écrivain aux jugements d’une jeune fille et d’un jeune homme à l’esprit aussi inconstant.” source