“ La souffrance engendre la colère ; et tandis que les classes prospères s’aveuglent, ou s’endorment, ce qui est toujours fermer les yeux, la haine des classes malheureuses allume sa torche à quelque esprit chagrin ou mal fait qui rêve dans un coin, et elle se met à examiner la société. L’examen de la haine, chose terrible ! ”
Victor Hugo, Les Misérables (1862). copier la citation
Auteur | Victor Hugo |
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Œuvre | Les Misérables |
Thème | souffrance haine |
Date | 1862 |
Langue | Français |
Référence | |
Note | |
Lien web | https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Misérables |
Contexte
“En Allemagne, pendant une certaine période, résumée par Schiller dans son drame fameux les Brigands, le vol et le pillage s’érigeaient en protestation contre la propriété et le travail, s’assimilaient de certaines idées élémentaires, spécieuses et fausses, justes en apparence, absurdes en réalité, s’enveloppaient de ces idées, y disparaissaient en quelque sorte, prenaient un nom abstrait et passaient à l’état de théorie, et de cette façon circulaient dans les foules laborieuses, souffrantes et honnêtes, à l’insu même des chimistes imprudents qui avaient préparé la mixture, à l’insu même des masses qui l’acceptaient. Toutes les fois qu’un fait de ce genre se produit, il est grave. La souffrance engendre la colère ; et tandis que les classes prospères s’aveuglent, ou s’endorment, ce qui est toujours fermer les yeux, la haine des classes malheureuses allume sa torche à quelque esprit chagrin ou mal fait qui rêve dans un coin, et elle se met à examiner la société. L’examen de la haine, chose terrible !
De là, si le malheur des temps le veut, ces effrayantes commotions qu’on nommait jadis jacqueries, près desquelles les agitations purement politiques sont jeux d’enfants, qui ne sont plus la lutte de l’opprimé contre l’oppresseur, mais la révolte du malaise contre le bien-être.”
source