“ Ensorte que tel qui, dans une affection comme la colère, l’orgueil, l’amour, s’imagine avoir un air très noble et très agréable, et se complaît en lui-même, ne laisse pas de paraître aux autres si laid et si ridicule, qu’ils en rougissent pour lui. On voit aussi les muses dans le cortège de la passion ”
Francis Bacon, De la dignité et de l’accroissement des sciences (1605). copier la citation
Auteur | Francis Bacon |
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Œuvre | De la dignité et de l’accroissement des sciences |
Thème | amour colère |
Date | 1605 |
Langue | Français |
Référence | |
Note | Traduit par Antoine de La Salle |
Lien web | https://fr.wikisource.org/wiki/De_la_dignit%C3%A9_et_de_l%E2%80%99accroi... |
Contexte
“C’est une fiction assez plaisante que celle qui représente ces démons si laids et si ridicules, gambadant autour du char de Bacchus ; toute affection très vive occasionne dans les yeux, dans le visage même, et dans le geste, certains mouvemens indécens et irréguliers, des mouvemens à soubresauts et tout-à-fait choquans. Ensorte que tel qui, dans une affection comme la colère, l’orgueil, l’amour, s’imagine avoir un air très noble et très agréable, et se complaît en lui-même, ne laisse pas de paraître aux autres si laid et si ridicule, qu’ils en rougissent pour lui. On voit aussi les muses dans le cortège de la passion ; car il n’est point d’affection, si vile et si dépravée qu’elle puisse être, qui n’ait trouvé quelque doctrine toute prête pour la flatter : c’est ainsi que la basse complaisance ou l’impudence de certains esprits a si prodigieusement rabaissé la majesté des muses, et cela au point que ces muses qui auroient dû être les guides et comme les porte-enseignes de la vie, ne sont trop souvent, pour nos passions, que des suivantes, des complaisantes.”
source