Sans compter que, les natures complètes étant rares, un être très sensible et très intellectuel aura généralement peu de volonté, sera le jouet de l’habitude et de cette peur de souffrir dans la minute qui vient, qui voue aux souffrances perpétuelles — et que dans ces conditions il ne voudra jamais répudier la femme qui ne l’aime pas.
 Marcel Proust, Albertine disparue (1925). copier la citation

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Auteur Marcel Proust
Œuvre Albertine disparue
Thème souffrance peur
Date 1925
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Albertine_disparue/Texte_entier

Contexte

“Si je dis que de tels hommes ont besoin de souffrir, je dis une chose exacte, en supprimant les vérités préliminaires qui font de ce besoin — involontaire en un sens — de souffrir une conséquence parfaitement compréhensible de ces vérités. Sans compter que, les natures complètes étant rares, un être très sensible et très intellectuel aura généralement peu de volonté, sera le jouet de l’habitude et de cette peur de souffrir dans la minute qui vient, qui voue aux souffrances perpétuelles — et que dans ces conditions il ne voudra jamais répudier la femme qui ne l’aime pas. On s’étonnera qu’il se contente de si peu d’amour, mais il faudra plutôt se représenter la douleur que peut lui causer l’amour qu’il ressent. Douleur qu’il ne faut pas trop plaindre, car il en est de ces terribles commotions que nous donnent l’amour malheureux, le départ, la mort d’une amante, comme de ces attaques de paralysie qui nous foudroient d’abord, mais après lesquelles les muscles tendent peu à peu à reprendre leur élasticité, leur énergie vitales.” source