Car la femme qu’on revoit quand on ne l’aime plus, si elle nous dit tout, c’est qu’en effet ce n’est plus elle, ou que ce n’est plus vous : l’être qui aimait n’existe plus. Là aussi il y a la mort qui a passé, a rendu tout aisé et tout inutile.
 Marcel Proust, Albertine disparue (1925). copier la citation

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Auteur Marcel Proust
Œuvre Albertine disparue
Thème mort femmes
Date 1925
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Albertine_disparue/Texte_entier

Contexte

“C’est la même chose que l’éternel « Vous verrez quand je ne vous aimerai plus » , qui est si vrai et si absurde, puisque, en effet, on obtiendrait beaucoup si on n’aimait plus, mais qu’on ne se soucierait pas d’obtenir. C’est tout à fait la même chose. Car la femme qu’on revoit quand on ne l’aime plus, si elle nous dit tout, c’est qu’en effet ce n’est plus elle, ou que ce n’est plus vous : l’être qui aimait n’existe plus. Là aussi il y a la mort qui a passé, a rendu tout aisé et tout inutile. Je faisais ces réflexions, me plaçant dans l’hypothèse où Andrée était véridique — ce qui était possible — et amenée à la sincérité envers moi précisément parce qu’elle avait maintenant des relations avec moi, par ce côté Saint-André-des-Champs qu’avait eu, au début, avec moi, Albertine.” source