Je vois et j’ai vu de pires choses et il y en a de si épouvantables que je ne voudrais pas parler de chacune et pas même me taire sur plusieurs : j’ai vu des hommes qui manquent de tout, sauf qu’ils ont quelque chose de trop — des hommes qui ne sont rien d’autre qu’un grand œil ou une grande bouche ou un gros ventre, ou n’importe quoi de grand, — je les appelle des infirmes à rebours.
 Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1891). copier la citation

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Auteur Friedrich Nietzsche
Œuvre Ainsi parlait Zarathoustra
Thème œil
Date 1891
Langue Français
Référence
Note Traduit par Henri Albert
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Ainsi_parlait_Zarathoustra

Contexte

“Mais, depuis que j’habite parmi les hommes, c’est pour moi la moindre des choses de m’apercevoir de ceci : « À l’un manque un œil, à l’autre une oreille, un troisième n’a plus de jambes, et il y en a d’autres qui ont perdu la langue, ou bien le nez, ou bien la tête. » Je vois et j’ai vu de pires choses et il y en a de si épouvantables que je ne voudrais pas parler de chacune et pas même me taire sur plusieurs : j’ai vu des hommes qui manquent de tout, sauf qu’ils ont quelque chose de trop — des hommes qui ne sont rien d’autre qu’un grand œil ou une grande bouche ou un gros ventre, ou n’importe quoi de grand, — je les appelle des infirmes à rebours. Et lorsqu’en venant de ma solitude je passais pour la première fois sur ce pont : je n’en crus pas mes yeux, je ne cessai de regarder et je finis par dire : « Ceci est une oreille. Une oreille aussi grande qu’un homme.” source