Les longs pleurs d’un enfant qui n’est ni lié ni malade, & qu’on ne laisse manquer de rien, ne sont que des pleurs d’habitude & d’obstination. Ils ne sont point l’ouvrage de la nature, mais de la nourrice, qui, pour n’en savoir endurer l’importunité, la multiplie, sans songer qu’en faisant taire l’enfant aujourd’hui on l’excite à pleurer demain davantage.
 Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation (1762). copier la citation

Contexte

“Instruits du prix qu’on met à leur silence, ils se gardent bien de le prodiguer. Ils le font à la fin tellement valoir qu’on ne peut plus le payer ; & c’est alors qu’à force de pleurer sans succès ils s’efforcent, s’épuisent, et se tuent. Les longs pleurs d’un enfant qui n’est ni lié ni malade, & qu’on ne laisse manquer de rien, ne sont que des pleurs d’habitude & d’obstination. Ils ne sont point l’ouvrage de la nature, mais de la nourrice, qui, pour n’en savoir endurer l’importunité, la multiplie, sans songer qu’en faisant taire l’enfant aujourd’hui on l’excite à pleurer demain davantage. Le seul moyen de guérir ou de prévenir cette habitude est de n’y faire aucune attention. Personne n’aime à prendre une peine inutile, pas même les enfants. Ils sont obstinés dans leurs tentatives ; mais si vous avez plus de constance qu’eux d’opiniâtreté, ils se rebutent & n’y reviennent plus.” source