Il faut être folle pour aimer les fous ; le désir d’attirer ces gens-là montre le goût de celle qui s’y livre. S’il n’y avoit point d’hommes frivoles, elle se presseroit d’en faire ; & leurs frivolités sont bien plus son ouvrage que les siennes ne sont le leur. La femme qui aime les vrais hommes, & qui veut leur plaire, prend des moyens assortis à son dessein. La femme est coquette par état
 Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation (1762). copier la citation

Contexte

“Lors donc que, quittant le ton modeste & posé de leur sexe, elles prennent les airs de ces étourdis, loin de suivre leur vocation, elles y renoncent ; elles s’ôtent à elles-mêmes les droits qu’elles pensent usurper. Si nous étions autrement, disent-elles, nous ne plairions point aux hommes. Elles mentent. Il faut être folle pour aimer les fous ; le désir d’attirer ces gens-là montre le goût de celle qui s’y livre. S’il n’y avoit point d’hommes frivoles, elle se presseroit d’en faire ; & leurs frivolités sont bien plus son ouvrage que les siennes ne sont le leur. La femme qui aime les vrais hommes, & qui veut leur plaire, prend des moyens assortis à son dessein. La femme est coquette par état ; mais sa coquetterie change de forme & d’objet selon ses vues ; réglons ces vues sur celles de la nature, la femme aura l’éducation qui lui convient. Les petites filles, presque en naissant, aiment la parure :” source