Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique ; les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent et l’habitude le remplit.
 Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919). copier la citation

Contexte

“À elle cela lui eût fait sans doute autant d’impression que ces lettres où des amis demandent à nous faire une visite avant de s’expatrier, visite que, comme aux ennuyeuses femmes qui nous aiment, nous leur refusons parce que nous avons des plaisirs devant nous. Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique ; les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent et l’habitude le remplit. D’ailleurs, j’aurais eu beau parler à Gilberte, elle ne m’aurait pas entendu. Nous nous imaginons toujours, quand nous parlons, que ce sont nos oreilles, notre esprit qui écoutent. Mes paroles ne seraient parvenues à Gilberte que déviées, comme si elles avaient eu à traverser le rideau mouvant d’une cataracte avant d’arriver à mon amie, méconnaissables, rendant un son ridicule, n’ayant plus aucune espèce de sens.” source