“ Faut-il tout attendre de la force de la raison, et rien de la douceur de l’habitude ? C’est en vain que l’on nous parle de la subordination où la nature nous a mises : ce n’est pas assez de nous la faire sentir ; il faut nous la faire pratiquer, afin qu’elle nous soutienne dans ce temps critique où les passions commencent à naître et à nous encourager à l’indépendance. ”
Montesquieu, Lettres persanes (1721). copier la citation
Auteur | Montesquieu |
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Œuvre | Lettres persanes |
Thème | indépendance critique |
Date | 1721 |
Langue | Français |
Référence | |
Note | |
Lien web | https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_persanes |
Contexte
“Car je ne puis être de l’avis de ces mères qui ne renferment leurs filles que lorsqu’elles sont sur le point de leur donner un époux ; qui, les condamnant au sérail plutôt qu’elles ne les y consacrent, leur font embrasser violemment une manière de vie qu’elles auroient dû leur inspirer. Faut-il tout attendre de la force de la raison, et rien de la douceur de l’habitude ?
C’est en vain que l’on nous parle de la subordination où la nature nous a mises : ce n’est pas assez de nous la faire sentir ; il faut nous la faire pratiquer, afin qu’elle nous soutienne dans ce temps critique où les passions commencent à naître et à nous encourager à l’indépendance.
Si nous n’étions attachées à vous que par le devoir, nous pourrions quelquefois l’oublier ; si nous n’y étions entraînées que par le penchant, peut-être un penchant plus fort pourroit l’affaiblir. Mais, quand les lois nous donnent à un homme, elles nous dérobent à tous les autres et nous mettent aussi loin d’eux que si nous en étions à cent mille lieues.”
source