On compta pour rien les dégoûts, les caprices et l’insociabilité des humeurs ; on voulut fixer le cœur, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus variable et de plus inconstant dans la nature : on attacha sans retour et sans espérance des gens accablés l’un de l’autre, et presque toujours mal assortis ; et l’on fit comme ces tyrans, qui faisoient lier des hommes vivants à des corps morts.
 Montesquieu, Lettres persanes (1721). copier la citation

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Auteur Montesquieu
Œuvre Lettres persanes
Thème dégoût mort
Date 1721
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_persanes

Contexte

“et, au lieu d’unir les cœurs, comme on le prétendoit, on les sépara pour jamais. Dans une action si libre, et où le cœur doit avoir tant de part, on mit la gêne, la nécessité, et la fatalité du destin même. On compta pour rien les dégoûts, les caprices et l’insociabilité des humeurs ; on voulut fixer le cœur, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus variable et de plus inconstant dans la nature : on attacha sans retour et sans espérance des gens accablés l’un de l’autre, et presque toujours mal assortis ; et l’on fit comme ces tyrans, qui faisoient lier des hommes vivants à des corps morts. Rien ne contribuoit plus à l’attachement mutuel que la faculté du divorce : un mari et une femme étoient portés à soutenir patiemment les peines domestiques, sachant qu’ils étoient maîtres de les faire finir :” source