Il n’en est pas de même des grands d’Europe, à qui la disgrâce n’ôte rien que la bienveillance et la faveur. Ils se retirent de la cour et ne songent qu’à jouir d’une vie tranquille et des avantages de leur naissance. Comme on ne les fait guères périr que pour le crime de lèse-majesté, ils craignent d’y tomber, par la considération de ce qu’ils ont à perdre et du peu qu’ils ont à gagner
 Montesquieu, Lettres persanes (1721). copier la citation

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Auteur Montesquieu
Œuvre Lettres persanes
Thème bienveillance naissance
Date 1721
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_persanes

Contexte

“il ne court donc pas plus de risque dans ce dernier cas que dans le premier. Aussi, dans la moindre disgrâce, voyant la mort certaine, et ne voyant rien de pis, il se porte naturellement à troubler l’État et à conspirer contre le souverain ; seule ressource qui lui reste. Il n’en est pas de même des grands d’Europe, à qui la disgrâce n’ôte rien que la bienveillance et la faveur. Ils se retirent de la cour et ne songent qu’à jouir d’une vie tranquille et des avantages de leur naissance. Comme on ne les fait guères périr que pour le crime de lèse-majesté, ils craignent d’y tomber, par la considération de ce qu’ils ont à perdre et du peu qu’ils ont à gagner : ce qui fait qu’on voit peu de révoltes, et peu de princes morts d’une mort violente. Si, dans cette autorité illimitée qu’ont nos princes, ils n’apportoient pas tant de précautions pour mettre leur vie en sûreté, ils ne vivraient pas un jour ;” source