“ La nature, ma seule maîtresse et ma seule institutrice, ne m’avertit en effet d’aucune manière que la vie d’un homme ait quelque prix ; elle enseigne au contraire, de toutes sortes de manières, qu’elle n’en a aucun. L’unique fin des êtres semble de devenir la pâture d’autres êtres destinés à la même fin. Le meurtre est de droit naturel ”
Anatole France, Les dieux ont soif (1912). copier la citation
Auteur | Anatole France |
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Œuvre | Les dieux ont soif |
Thème | meurtre nature |
Date | 1912 |
Langue | Français |
Référence | |
Note | |
Lien web | https://fr.wikisource.org/wiki/Les_dieux_ont_soif/Texte_entier |
Contexte
“Lyon, Marseille, Bordeaux insurgées, la Corse révoltée, la Vendée en feu, Mayence et Valenciennes tombées au pouvoir de la coalition, la trahison dans les campagnes, dans les villes, dans les camps, la trahison siégeant sur les bancs de la Convention nationale, la trahison assise, une carte à la main, dans les conseils de guerre de nos généraux !... Que la guillotine sauve la patrie !
— Je n’ai pas d’objection essentielle à faire contre la guillotine, répliqua le vieux Brotteaux. La nature, ma seule maîtresse et ma seule institutrice, ne m’avertit en effet d’aucune manière que la vie d’un homme ait quelque prix ; elle enseigne au contraire, de toutes sortes de manières, qu’elle n’en a aucun. L’unique fin des êtres semble de devenir la pâture d’autres êtres destinés à la même fin. Le meurtre est de droit naturel : en conséquence la peine de mort est légitime, à la condition qu’on ne l’exerce ni par vertu ni par justice, mais par nécessité ou pour en tirer quelque profit. Cependant il faut que j’aie des instincts pervers, car je répugne à voir couler le sang, et c’est une dépravation que toute ma philosophie n’est pas encore parvenue à corriger.”
source