Il semble évident que les hommes sont portés par un instinct ou préjugé naturel à avoir foi en leurs sens, et que, sans aucun raisonnement, ou même presqu’avant l’utilisation de la raison, nous supposons un univers extérieur qui ne dépend pas de notre perception mais qui existerait même si nous et toutes les créatures sensibles étions absents ou annihilés.
 David Hume, Enquête sur l'entendement humain (1748). copier la citation

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Auteur David Hume
Œuvre Enquête sur l'entendement humain
Thème perception préjugés
Date 1748
Langue Français
Référence
Note Traduit par Philippe Folliot
Lien web https://philotra.pagesperso-orange.fr/tnh.htm#latraducseule

Contexte

“Ces arguments sceptiques, en vérité, ne servent qu’à prouver qu’il ne faut pas se fier aveuglément aux seuls sens, mais qu’il faut corriger leur évidence par la raison et par des considérations tirées de la nature du milieu, de la distance de l’objet, et de la disposition de l’organe, afin d’en faire, à l’intérieur de leur sphère, le critère approprié de vérité et de fausseté. Il y a d’autres arguments plus profonds contre les sens qui n’admettent pas une solution aussi aisée. Il semble évident que les hommes sont portés par un instinct ou préjugé naturel à avoir foi en leurs sens, et que, sans aucun raisonnement, ou même presqu’avant l’utilisation de la raison, nous supposons un univers extérieur qui ne dépend pas de notre perception mais qui existerait même si nous et toutes les créatures sensibles étions absents ou annihilés. Même les créatures animales sont gouvernées par une opinion semblable, et conservent cette croyance aux objets extérieurs dans toutes leurs pensées, tous leurs desseins et toutes leurs actions. Il semble aussi évident que, quand les hommes suivent cet aveugle et puissant instinct de la nature, ils supposent toujours que les images mêmes présentées par les sens sont les objets extérieurs, et ils ne nourrissent aucun soupçon que les unes ne soient autre chose que les représentations des autres.” source