“ Car le monde jouit de lui-même, et en lui-même jouit du tout. Or, qui aime, veut jouir ; mais au sein de l’abondance il n’est plus de place pour le désir. Ainsi le monde ne peut avoir ni amour, ni désir, vu qu’il se suffit à lui-même ; à moins qu’on ne le dise amoureux des discours. ”
Francis Bacon, De la dignité et de l’accroissement des sciences (1605). copier la citation
Auteur | Francis Bacon |
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Œuvre | De la dignité et de l’accroissement des sciences |
Thème | discours amour |
Date | 1605 |
Langue | Français |
Référence | |
Note | Traduit par Antoine de La Salle |
Lien web | https://fr.wikisource.org/wiki/De_la_dignit%C3%A9_et_de_l%E2%80%99accroi... |
Contexte
“Mais ces oreilles, c’est en secret qu’on les porte, et non en public : ce genre de difformité, le vulgaire, ou ne l’apperçoit pas, ou ne le remarque point [ 11].
Enfin, il n’est pas étonnant qu’on n’attribue à Pan aucunes amours ; si ce visiblement n’est son mariage avec Écho. Car le monde jouit de lui-même, et en lui-même jouit du tout. Or, qui aime, veut jouir ; mais au sein de l’abondance il n’est plus de place pour le désir. Ainsi le monde ne peut avoir ni amour, ni désir, vu qu’il se suffit à lui-même ; à moins qu’on ne le dise amoureux des discours. Et c’est ce que représente la nymphe Écho, qui n’est rien de solide, et se réduit à un pur son : ou si ces discours sont un peu soignés, ils sont alors figurés par Syrinx ; je veux dire les paroles qui sont réglées par certains nombres, soit poétiques soit oratoires, et qui forment une sorte de mélodie.” source
Enfin, il n’est pas étonnant qu’on n’attribue à Pan aucunes amours ; si ce visiblement n’est son mariage avec Écho. Car le monde jouit de lui-même, et en lui-même jouit du tout. Or, qui aime, veut jouir ; mais au sein de l’abondance il n’est plus de place pour le désir. Ainsi le monde ne peut avoir ni amour, ni désir, vu qu’il se suffit à lui-même ; à moins qu’on ne le dise amoureux des discours. Et c’est ce que représente la nymphe Écho, qui n’est rien de solide, et se réduit à un pur son : ou si ces discours sont un peu soignés, ils sont alors figurés par Syrinx ; je veux dire les paroles qui sont réglées par certains nombres, soit poétiques soit oratoires, et qui forment une sorte de mélodie.” source