qu’on touche et qu’on ne peut frapper ; auxquels on se mêle chaque jour, et avec lesquels on ne saurait se confondre.
Il est impossible de rien imaginer de plus contraire à la nature et aux instincts secrets du cœur humain qu’une sujétion de cette espèce : livrés à eux-mêmes, les hommes préféreront toujours le pouvoir arbitraire d’un roi à l’administration régulière des nobles.
 Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1835). copier la citation

Contexte

“mais je ne puis croire qu’ils en confient jamais l’usage exclusif à une classe particulière de citoyens, ou, en d’autres termes, qu’ils fondent une aristocratie. Un corps aristocratique se compose d’un certain nombre de citoyens qui, sans être placés très loin de la foule, s’élèvent cependant d’une manière permanente au-dessus d’elle ; qu’on touche et qu’on ne peut frapper ; auxquels on se mêle chaque jour, et avec lesquels on ne saurait se confondre. Il est impossible de rien imaginer de plus contraire à la nature et aux instincts secrets du cœur humain qu’une sujétion de cette espèce : livrés à eux-mêmes, les hommes préféreront toujours le pouvoir arbitraire d’un roi à l’administration régulière des nobles. Une aristocratie, pour durer, a besoin de fonder l’inégalité en principe, de la légaliser d’avance, et de l’introduire dans la famille en même temps qu’elle la répand dans la société ; toutes choses qui répugnent si fortement à l’équité naturelle, qu’on ne saurait les obtenir des hommes que par la contrainte.” source