Lorsque, au sortir des agitations du monde politique, l’Américain rentre au sein de sa famille, il y rencontre aussitôt l’image de l’ordre et de la paix. Là, tous ses plaisirs sont simples et naturels, ses joies innocentes et tranquilles ; et comme il arrive au bonheur par la régularité de la vie, il s’habitue sans peine à régler ses opinions aussi bien que ses goûts.
 Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1835). copier la citation

Contexte

“C’est là que les hommes conçoivent le mépris des liens naturels et des plaisirs permis, le goût du désordre, l’inquiétude du cœur, l’instabilité des désirs. Agité par les passions tumultueuses qui ont souvent troublé sa propre demeure, l’Européen ne se soumet qu’avec peine aux pouvoirs législateurs de l’État. Lorsque, au sortir des agitations du monde politique, l’Américain rentre au sein de sa famille, il y rencontre aussitôt l’image de l’ordre et de la paix. Là, tous ses plaisirs sont simples et naturels, ses joies innocentes et tranquilles ; et comme il arrive au bonheur par la régularité de la vie, il s’habitue sans peine à régler ses opinions aussi bien que ses goûts. Tandis que l’Européen cherche à échapper à ses chagrins domestiques en troublant la société, l’Américain puise dans sa demeure l’amour de l’ordre, qu’il porte ensuite dans les affaires de l’État. Aux États-Unis, la religion ne règle pas seulement les mœurs, elle étend son empire jusque sur l’intelligence.” source