Un seul petit fait, s’il est bien choisi, ne suffit-il pas à l’expérimentateur pour décider d’une loi générale qui fera connaître la vérité sur des milliers de faits analogues?
 Marcel Proust, Albertine disparue (1925). copier la citation

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Auteur Marcel Proust
Œuvre Albertine disparue
Thème vérité lois
Date 1925
Langue Français
Référence
Note
Lien web https://fr.wikisource.org/wiki/Albertine_disparue/Texte_entier

Contexte

“Mais je les gardais dans ma mémoire en me promettant de ne pas oublier d’en connaître la réalité, parce que seuls ils m’obsédaient (puisque les autres n’avaient pas de forme à mes yeux, n’existaient pas) , et aussi parce que le hasard même qui les avait choisis au milieu de la réalité m’était un garant que c’était bien en eux, avec un peu de réalité, de la vie véritable et convoitée, que j’entrerais en contact.
Et puis, un seul petit fait, s’il est certain, ne peut-on, comme le savant qui expérimente, dégager la vérité pour tous les ordres de faits semblables ? Un seul petit fait, s’il est bien choisi, ne suffit-il pas à l’expérimentateur pour décider d’une loi générale qui fera connaître la vérité sur des milliers de faits analogues? Albertine avait beau n’exister dans ma mémoire qu’à l’état où elle m’était successivement apparue au cours de la vie, c’est-à-dire subdivisée suivant une série de fractions de temps, ma pensée, rétablissant en elle l’unité, en refaisait un être, et c’est sur cet être que je voulais porter un jugement général, savoir si elle m’avait menti, si elle aimait les femmes, si c’est pour en fréquenter librement qu’elle m’avait quitté.” source