“ Mais on ne s’afflige pas plus d’être devenu un autre, les années ayant passé et dans l’ordre de la succession des temps, qu’on ne s’afflige à une même époque d’être tour à tour les êtres contradictoires, le méchant, le sensible, le délicat, le mufle, le désintéressé, l’ambitieux qu’on est tour à tour chaque journée. ”
Marcel Proust, Albertine disparue (1925). copier la citation
Auteur | Marcel Proust |
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Œuvre | Albertine disparue |
Thème | temps passé |
Date | 1925 |
Langue | Français |
Référence | |
Note | |
Lien web | https://fr.wikisource.org/wiki/Albertine_disparue/Texte_entier |
Contexte
“Or l’impression que j’éprouvais ne prouvait-elle pas un changement aussi profond, une mort aussi totale du moi ancien et la substitution aussi complète d’un moi nouveau à ce moi ancien, que la vue d’un visage ridé surmonté d’une perruque blanche remplaçant le visage de jadis ? Mais on ne s’afflige pas plus d’être devenu un autre, les années ayant passé et dans l’ordre de la succession des temps, qu’on ne s’afflige à une même époque d’être tour à tour les êtres contradictoires, le méchant, le sensible, le délicat, le mufle, le désintéressé, l’ambitieux qu’on est tour à tour chaque journée. Et la raison pour laquelle on ne s’en afflige pas est la même, c’est que le moi éclipsé — momentanément dans le dernier cas et quand il s’agit du caractère, pour toujours dans le premier cas et quand il s’agit des passions — n’est pas là pour déplorer l’autre, l’autre qui est à ce moment-là, ou désormais, tout vous ;”
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