Un être vraiment heureux est un être solitaire ; Dieu seul jouit d’un bonheur absolu ; mais qui de nous en a l’idée ? Si quelque être imparfoit pouvoit se suffire à lui-même, de quoi jouirait-il selon nous ?
 Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation (1762). copier la citation

Contexte

“ce sont nos misères communes qui portent nos cœurs à l’humanité : nous ne lui devrions rien si nous n’étions pas hommes. Tout attachement est un signe d’insuffisance : si chacun de nous n’avait nul besoin des autres, il ne songeroit guère à s’unir à eux. Ainsi de notre infirmité même naît notre frêle bonheur. Un être vraiment heureux est un être solitaire ; Dieu seul jouit d’un bonheur absolu ; mais qui de nous en a l’idée ? Si quelque être imparfoit pouvoit se suffire à lui-même, de quoi jouirait-il selon nous ? Il serait seul, il seroit misérable : je ne conçois pas que celui qui n’a besoin de rien puisse aimer quelque chose : je ne conçois pas que celui qui n’aime rien puisse être heureux.
Il suit là que nous nous attachons à nos semblables moins par le sentiment de leurs plaisirs que par celui de leurs peines ;” source