Le mal moral est incontestablement notre ouvrage, & le mal physique ne seroit rien sans nos vices, qui nous l’ont rendu sensible. N’est-ce pas pour nous conserver que la nature nous fait sentir nos besoins ? La douleur du corps n’est-elle pas un signe que la machine se dérange, & un avertissement d’y pourvoir ? La mort... Les méchants n’empoisonnent-ils pas leur vie & la nôtre ?
 Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation (1762). copier la citation

Contexte

“Non, Dieu de mon âme, je ne te reprocherai jamais de l’avoir faite à ton image, afin que je pusse être libre, bon & heureux comme toi. C’est l’abus de nos facultés qui nous rend malheureux & méchants. Nos chagrins, nos soucis, nos peines, nous viennent de nous. Le mal moral est incontestablement notre ouvrage, & le mal physique ne seroit rien sans nos vices, qui nous l’ont rendu sensible. N’est-ce pas pour nous conserver que la nature nous fait sentir nos besoins ? La douleur du corps n’est-elle pas un signe que la machine se dérange, & un avertissement d’y pourvoir ? La mort... Les méchants n’empoisonnent-ils pas leur vie & la nôtre ? Qui est-ce qui voudrait toujours vivre ? La mort est le remède aux maux que vous vous faites ; la nature a voulu que vous ne souffrissiez pas toujours. Combien l’homme vivant dans la simplicité primitive est sujet à peu de maux !” source