On me dira que la fidélité de l’histoire intéresse moins que la vérité des mœurs et des caractères ; pourvu que le cœur humain soit bien peint, il importe peu que les événements soient fidèlement rapportés : car, après tout, ajoute-t-on, que nous font des faits arrivés il y a deux mille ans ?
 Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation (1762). copier la citation

Contexte

“L’auteur choisit un événement connu, puis, l’accommodant à ses vues, l’ornant de détails de son invention, de personnages qui n’ont jamais existé, & de portraits imaginaires, entasse fictions sur fictions pour rendre sa lecture agréable je vois peu de différence entre ces romans & vos histoires, si ce n’est que le romancier se livre davantage à sa propre imagination, & que l’historien s’asservit plus à celle d’autrui : à quoi j’ajouterai, si l’on veut, que le premier se propos un objet moral, bon ou mauvais, dont l’autre ne se soucie guère.
On me dira que la fidélité de l’histoire intéresse moins que la vérité des mœurs et des caractères ; pourvu que le cœur humain soit bien peint, il importe peu que les événements soient fidèlement rapportés : car, après tout, ajoute-t-on, que nous font des faits arrivés il y a deux mille ans ? On a raison si les portraits sont bien rendus d’après nature mais si la plupart n’ont leur modèle que dans l’imagination de l’historien, n’est-ce pas retomber dans l’inconvénient que l’or, vouloit fuir, et rendre à l’autorité des écrivains ce qu’on veut ôter à celle du maître ?” source